Ego-zapping

 

On avait découvert Jean-Gabriel Périot l'été dernier, pendant le Festival du Court Métrage en Plein Air. Il présentait We are winning don't forget, montage de photos de soulèvements sociaux rythmé par un morceau de Godspeed You Black Emperor. Le procédé n'est pas inédit, le discours a priori évident mais le film imposait sa propre logique pour s'avérer percutant au-delà de toute attente. Cet été-là, Jean-Gabriel ajoutait deux prix grenoblois à son impressionnant palmarès de récompenses. Si We are winning... est assez symptomatique du travail de l'artiste, il n'en dévoile pas pour autant toutes les facettes. A travers ses installations et ses œuvres de vidéaste, Jean-Gabriel Périot joue souvent de la manipulation d'images, affectionnant les montages vidéos syncopés comme les jeux sur sa propre représentation. Il se place très souvent au centre de ses travaux, offrant son dénuement comme un miroir déformant, établissant des distances fracassantes, sourdes et ironiques avec son auditoire après l'avoir fait plongé au cœur de son intimité. Son court-métrage intitulé Gay ? en est peut-être le plus vibrant (et jubilatoire) exemple. Face caméra, Jean-Gabriel fait un coming-out destiné à ses proches, où la confidence laisse vite place à une forme autrement plus violente de sincérité... Deux autres de ses films, plus portés sur son travail purement visuel, se retrouvent dans la sélection. Devil Inside est un clip queer et rock, un montage d'archives sur lesquelles se superposent les figurines de l'artiste Tom de Pékin, le tout sur la musique des rockers électro-punk de Flaming Pussy. Dies Irae est un kaléidoscope de plans fixes, de paysages, de personnes se confondant les unes aux autres. Le mouvement se crée par le montage, pendant une sinueuse montée crescendo. On y retrouve la tension visuelle de We are Winning..., avec la même efficacité radicale, puissante et évocatrice.

 

Par FC
Le Petit Bulletin 2005